Meylan 2 : vigilance sur les conditions de travail et l’avenir du site

Innovation

Meylan 2 : vigilance sur les conditions de travail et l’avenir du site

Le projet Meylan 2, présenté au CSEE Innovation les 21 et 22 mai 2025, vise à regrouper les équipes d’Orange Innovation, de la DTSI et d’OBS au sein des ailes A et B du bâtiment Orange 3 Massifs, libérant ainsi l’aile C. Si l’arrivée d’OBS est perçue positivement, la CFDT exprime de fortes inquiétudes quant à la méthode et au fond du projet.

L’analyse qui suit se base sur les documents fournis, les échanges en séance et l’expertise des élus CFDT.

Gouvernance et démarche participative :

Le projet est piloté par Aurélie Thiel, Directrice de Programme, sous la supervision d’Annick Barthes, Directrice de Programme Immobilier. Une gouvernance à plusieurs niveaux a été mise en place (Comité stratégique, Comité de pilotage, Comité projet). Une démarche participative impliquant des référents et des ambassadeurs de chaque entité a été mise en œuvre pour la co-construction des espaces de travail. Des ateliers avec les ambassadeurs ont été organisés pour le recueil des besoins, le macro-zoning et le micro-zoning. Cependant, la CFDT regrette que le CSEE n’ait pas été consulté sur le macro et micro-zoning.

Dialogue social insuffisant :

En effet, la CFDT dénonce un manque de consultation réelle du CSEE, notamment sur la décision de résilier le bail du bâtiment C, dont l’échéance est fixée au 14/12/2027. La CFDT conteste la présentation tardive et succincte de cette décision (page unique lors d’une présentation en octobre 2024) et considère qu’elle ne constitue pas une information-consultation suffisante au regard de l’accord sur les projets immobiliers. La direction mentionne des échanges avec les élus locaux et une interprétation de l’accord que la CFDT conteste. Le refus de discuter du projet en CSSCT malgré les impacts psychosociaux est également critiqué. Un REX (Retour d’EXpérience) sur le déroulé du dialogue social et des mesures pour restaurer la confiance sont exigés. L’éventualité d’une « Meylan Phase 3 », bien que niée par la direction dans le cadre de Meylan 2, a été évoquée à plusieurs reprises par l’équipe projet, suscitant des interrogations sur la stratégie à long terme.

Conditions de travail et impacts du projet :

La CFDT alerte sur la densification des espaces de travail. Le taux d’assise prévu est de 1,54, conforme aux KPI Orange (1,4 à 1,6), mais la CFDT s’inquiète des conséquences de cette densification sur le confort et le bien-être des salariés. Le projet prévoit le regroupement de 195 personnes d’Innovation, 176 de la DTSI, 107 d’OBS, 16 du GSP et 8 de la DO GSE dans les ailes A et B d’Orange 3 Massifs. Les documents présentent des chiffres parfois contradictoires sur les effectifs totaux (427, 469, 564), nécessitant des clarifications. La CFDT s’interroge sur la prise en compte des impacts du télétravail, dont les taux actuels sont de 77 % pour Innovation (2,5 jours par semaine), 67 % pour OBS (2,4 jours par semaine) et non précisés pour la DTSI. La direction affirme que le projet ne modifie pas les avenants de télétravail en vigueur, mais la CFDT s’inquiète de la mention d’une « régulation par les managers », potentiellement source de tensions avec le principe du double volontariat.

Stationnement et restauration :

Le site dispose actuellement de 300 places de parking (160 en sous-sol et 140 extérieures), 146 places vélos et 12 places trottinettes. La direction reconnaît l’insuffisance potentielle des places de parking voitures, notamment certains mardis, avec un besoin identifié de 10 places supplémentaires. Des actions sont envisagées (optimisation, sensibilisation aux modes doux, covoiturage), mais la CFDT les juge insuffisantes. La saturation potentielle des réfectoires (deux salles de 26 et 23 places) est également une source de préoccupation. Un sondage sur les pratiques de restauration d’OBS est prévu, mais la CFDT regrette qu’il n’ait pas été réalisé en amont. La direction mentionne une convention en cours de discussion avec le RIE Montbonnot.

Manque de transparence et d’informations :

La CFDT déplore le manque de transparence de la direction, qui refuse de communiquer certains documents clés au CSEE, tels que les études économiques ayant conduit à la décision de libération du bâtiment C, les comptes-rendus des réunions (ambassadeurs, salariés, IRP), les résultats du sondage GPP et le bail de l’aile C (dont l’existence et la durée sont toutefois mentionnées). Ce manque d’informations empêche la CFDT d’exercer pleinement son rôle de représentation des salariés et de rendre un avis éclairé sur le projet. La CFDT a également demandé, sans succès, le rapport de Technologia mentionné dans le PV du CSEC de mars 2022, alertant sur les risques liés au « flex desk », ainsi que les REX des projets d’environnements dynamiques précédents.

Incertitudes sur l’avenir du site :

La libération de l’aile C, dont la surface est évaluée à 2771 m² (ou 3100 m² selon les documents), soulève des inquiétudes quant à l’avenir du site de Meylan et à l’ancrage d’Orange sur la plaque grenobloise. La direction se veut rassurante, mais ses réponses restent floues pour la CFDT. L’argument de l’optimisation des coûts immobiliers ne convainc pas la CFDT, qui souligne le potentiel d’innovation du site et l’importance stratégique de l’écosystème grenoblois (INRIA, Naverlabs, Schneider Electric, Clinatec…). La CFDT demande une vision stratégique à long terme pour le site de Meylan, intégrant pleinement le potentiel de cet écosystème dynamique.

Aspects environnementaux :

Le projet met en avant la RSE, notamment le réemploi du mobilier et la réduction de l’empreinte immobilière. Le site est certifié ISO 14001. La libération de l’aile C représenterait une réduction d’environ 3 tonnes équivalent CO2 par an. La CFDT s’interroge toutefois sur la cohérence globale de la démarche environnementale, compte tenu du transfert d’impact vers d’autres sites et de l’absence de données précises sur le devenir de l’aile C. La CFDT a également questionné la direction sur les mesures prises pour garantir des conditions de travail acceptables en cas de conditions climatiques extrêmes.

Sondages et inquiétudes des salariés :

Un sondage intersyndical révèle une forte opposition des salariés au projet : 74 % sont opposés aux environnements de travail dynamiques et 79 % refusent la libération du bâtiment C. Un sondage interne Orange confirme que le projet de densification est la principale préoccupation des salariés. Ces résultats témoignent d’un malaise profond et d’un manque de confiance dans le projet.

Conclusion et demandes de la CFDT :

La CFDT défend une reconsidération du projet, en particulier la résiliation du bail du bâtiment C. Elle demande un véritable dialogue social avec les organisations syndicales et une transparence totale sur les données et les documents relatifs au projet. La CFDT appelle la direction à prendre en compte les opportunités stratégiques offertes par l’écosystème grenoblois et à construire un projet d’avenir pour le site de Meylan, en concertation avec les représentants des salariés. La CFDT a demandé la mise en place d’un CSSCT temporaire, le mandatement d’un rapporteur et la désignation d’un cabinet d’expertise (SECAFI) pour approfondir l’analyse des risques psychosociaux liés au projet.

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